Quand les maires parlent de l’économie sociale et solidaire
C’était le même jour que le forum de l’ESS 05 : le 19 novembre, le 102e congrès des maires de France organisait lui aussi des débats dédiés à l’ESS. Un signal important qui témoigne de la prise de conscience par les maires de l’importance de l’économie sociale et solidaire pour le développement des territoires, ruraux comme urbains.
« L’économie sociale et solidaire est une réponse au sentiment de délaissement et d’abandon de nos concitoyens » a introduit Laurent Hénart, maire de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
« La prise de conscience de l’importance de l’économie sociale et solidaire pour le territoire va venir tout naturellement », affirme Mohamed Gnabaly, maire de L’Île Saint Denis (Seine-Saint-Denis), vice-président de l’Association des maires de France (AMF). Pourtant, il a milité pour qu’ait lieu l’atelier « L’économie sociale et solidaire au service du développement des territoires », ce 19 novembre 2019, première fois que l’ESS avait droit à une matinée d’échanges lors d’un congrès de l’AMF.
Car si l’élu est persuadé de l’avenir de l’ESS dans les territoires, pour l’heure, le développement de cette économie ne va pas de soi partout. Les freins sont encore nombreux, même si les expériences fourmillent. Tous les participants aux deux tables-rondes sont pourtant formels : l’ESS est une des réponses à la crise démocratique actuelle.
Volonté politique
« L’ESS est une économie à part entière, qui peut se développer dans tous les types de collectivités », explique Christiane Bouchard, vice-présidente de la métropole de Lille et présidente du RTES (Réseau des territoires pour l’économie solidaire). Mais pour réussir à mettre tous les acteurs autour de la table, pour créer l’écosystème nécessaire, il faut une volonté politique. « Si le maire est partie prenante, ça aide, mais il faut que tout le conseil municipal soit convaincu », insiste l’élue.
Et en s’alliant avec d’autres acteurs, on peut trouver des solutions à des problèmes très concrets. « Avec la baisse des dotations, j’ai perdu 10% de mes ressources depuis le début du mandat, raconte Mohamed Gnabaly. J’ai besoin de plus de ressources que je n’en ai, j’ai donc l’obligation de faire alliance avec la société civile. » Celui qui est également dirigeant d’une entreprise de l’ESS est ainsi fier que ce secteur soit le plus grand pourvoyeur d’emplois sur sa commune.
Pas de distinction rural/urbain
Mais pas question de cantonner l’économie sociale et solidaire à la politique de la ville et aux quartiers. La question de la proximité est la même en milieu urbain ou rural. A Lyon, l’adjointe au maire en charge de l’ESS, Dounia Besson, s’est elle confrontée à une vision de l’ESS « très bobo », pas faite pour les quartiers. « Dans le rural ou le périurbain, ce sont les mêmes problématiques de fermeture des services publics », résume le maire de L’Île Saint Denis.
Et pour aider au développement de cette nouvelle économie, les collectivités ont plusieurs leviers, rappelle la présidente du RTES : les financements directs, mais aussi les marchés publics. « L’hybridation des ressources de l’ESS doit être acceptée », résume-t-elle.
Jérôme Saddier, président de ESS France et vice-président du Crédit coopératif, a invité à « sortir du conformisme » et de certaines idées reçues sur cette forme d’économie, qui n’est pas un secteur. Réputée « massivement subventionnée », elle serait en réalité « moins aidée que n’importe quel secteur économique en France ».
Marie-Martine Lips, présidente du Conseil National des CRESS, a souligné le travail nécessaire avec tous les niveaux de collectivités, et l’importance de ne pas considérer les collectivités comme de simples financeurs, mais de faire « projet commun » entre acteurs de l’ESS et collectivités.
L’ensemble des intervenants ont salué l’initiative de l’AMF d’aborder cette thématique, et l’importance de renouveler ce temps. Rendez-vous au prochain Congrès en 2020 !
Sources : les articles publiés par lagazette.fr, la Banque des Territoires et le RTES, à retrouver en entier sur leur site.
Lire également l’article publié sur le site de l’AMF