Pour une alliance nouvelle des entreprises de l’ESS
La chambre française de l’ESS vient tout à la fois d’adopter un plaidoyer politique, de renouveler sa gouvernance et de prendre position sur l’actualité sociale. Jérôme Saddier, le nouveau président, est un très bon connaisseur de l’ESS.
La chambre ESS France est une institution créée par la loi du 31 juillet 2014. Ses membres sont les grands regroupements nationaux de l’ESS. Réunis en AG le 5 décembre 2018, c’est à l’unanimité qu’ils ont renouvelé leur gouvernance, adopté un projet ambitieux « Pour une alliance nouvelle des entreprises de l’ESS » et décidé de communiquer sur les enjeux de sociétés, notamment sur le climat social.
Trois actes qui témoignent d’une volonté de faire bouger les lignes pour faire entendre la voix de l’ESS.
Un président fin connaisseur de l’ESS
Jérôme Saddier est vice-président du Crédit coopératif et président de l’Avise. Auparavant il a occupé des fonctions de DG à la MNT et de conseiller au cabinet du ministre de l’ESS Benoit Hamon. Il succède à Roger Belot ex-PDG de la Maif.
A lire : l’édito du président d’ESS France, son interview sur le site Chorum-Cides
Face à l’urgence sociale, l’ESS s’engage pour une France plus juste, plus solidaire et plus fraternelle
Tout juste formée, la nouvelle gouvernance de la chambre française de l’ESS a décidé de s’exprimer sur des sujets d’actualité qui sont des enjeux de société.
A lire, les derniers communiqués de presse d’ESS France :
Face à l’urgence sociale, l’ESS s’engage pour une France plus juste, plus solidaire et plus fraternelle 07/12/18
Le grand débat devra compter sur les solutions de l’économie sociale et solidaire 25/01/19
Pour une alliance nouvelle des entreprises de l’ESS
Ce texte, véritable plaidoyer politique, aborde des questions de fond sur ce qu’est l’ESS et surtout sur ce qu’elle doit être. Il repose sur la double conviction que
> rien ne sera possible sans affirmer un projet politique commun hérité de nos origines tout en étant tourné vers des problématiques et des formes entrepreneuriales nouvelles,
> les familles historiques de l’ESS doivent être au cœur de l’initiative collective tout en s’inscrivant dans une démarche lucide, moderne, ouverte et d‘avenir.
« Nos organisations sont collectivement soucieuses d’incarner une économie exemplaire, fondée sur des comportements éthiques, transparents, mais aussi plus juste et plus équitable. Elles affirment également leur volonté de garantir une cohérence forte entre leurs discours et leurs pratiques, notamment en matière de gouvernance démocratique et participative, de politiques managériales et de rémunération, ainsi que de responsabilité sociale et environnementale. »
Les sous-titres de ce texte-plaidoyer témoignent d’un constat réaliste et d’une ambition affichée :
- Du besoin et de l’utilité de l’ESS aujourd’hui
- Une ESS française insuffisamment écoutée
- Les paradoxes de l’ESS française
- Un socle de valeurs communes
- Un mouvement d’entreprises engagées qui assument leur différence
- Un mouvement d’entreprises qui préfigurent l’avenir et qui soit ouvert à ceux qui font de l’ESS sans le savoir.
10 principes refondateurs
A la suite de l’exposé des motifs, les membres d’ESS France ont adopté les principes de la refondation.
Ils veulent s’inscrire dans un mouvement d’acteurs qui…
- partagent un projet politique et historique visant à mettre l’humain au cœur de leurs actions économiques et sociales
- s’engagent à valoriser le fait que leur organisation et leur activité reposent sur la préservation du long terme et la durabilité des intérêts communs
- sont convaincus de la nécessité de gagner la bataille des idées en démontrant loyalement et de manière transparente que les valeurs qu’ils revendiquent se traduisent par des réalités tangibles
- s’engagent collectivement à travailler ensemble
- mettent en œuvre des pratiques de gouvernance transparentes et démocratiques qui contribuent à les distinguer des autres acteurs économiques
- sont conscients de leurs responsabilités d’employeurs en tant que sujet stratégique
- consacrent l’énergie et les moyens nécessaires à un ancrage territorial collectif
- consentent à doter leurs outils collectifs des moyens nécessaires à leur influence
- ne se contentent pas de fédérer des familles statutaires
- engagent leur responsabilité dans la construction et la préservation de l’indépendance, notamment financière, de leur outil représentatif commun
Un ancrage territorial collectif qui légitime l’Udess 05
Les territoires ne sont pas oubliés par ESS France. Mieux, ils sont visés par le 7e principe que nous reproduisons intégralement (caractères en gras par l’Udess 05).
« Un mouvement d’acteurs qui consacrent l’énergie et les moyens nécessaires à un ancrage territorial collectif, à maintenir des activités économiques et des structures de l’inclusion sociale, notamment sur les territoires qui subissent des fractures économiques et sociales. A cet effet, il veillera à proposer une articulation forte, complémentaire et représentative de toutes les parties prenantes, entre les niveaux européen, national et local. Les Cress se mobiliseront pour faire participer en leur sein l’ensemble des composantes de l’ESS sur les territoires compte-tenu de leur diversité de représentation territoriale, et garantiront ainsi une présence coordonnée de l’ESS au plus près des politiques publiques territoriales, dans le respect du principe de subsidiarité avec leurs membres locaux et leurs représentations territoriales. Cet ancrage devra reposer sur une implication forte des organisations fédératives et des acteurs régionaux et des entreprises de l’ESS dans l’animation des Cress, et pourra aussi s’incarner à des niveaux territoriaux plus fins au niveau des bassins d’emploi, de façon à agir plus directement auprès des collectivités territoriales et de l’ensemble du monde économique et social. La voix des « territoires de l’ESS », à travers les Cress, devra également être pleinement prise en compte dans la gouvernance et dans les prises de position nationales. »
Il est réconfortant pour les adhérents, les responsables et les fondateurs de l’Udess 05 de constater qu’ils sont en phase avec ce projet ambitieux portée par l’organisation nationale représentative de l’ESS. L’occasion leur est donnée de vérifier (même s’ils n’en doutaient pas vraiment) qu’ils sont depuis plus de 10 ans dans le sens de l’histoire. L’existence d’une union départementale répond en effet à l’objectif de représentation et d’animation territoriale et ne peut que renforcer l’action de la Cress. Celle-ci devant toutefois respecter « le principe de subsidiarité » pour garantir « une présence coordonnée de l’ESS au plus près des politiques publiques territoriales ».
Télécharger le texte intégral adopté à l’AG d’ESS France le 5 décembre 2018