Les valeurs de la République sont indissociables de l’ESS
C’est sous ce titre que Roland Berthilier, Président de L’ESPER (*) vient de livrer ses réflexions… qui peuvent être largement partagées… ou méditées… et que nous reprenons bien volontiers avec son autorisation.
Le 11 janvier 2015 la France réunie marchait pour défendre les valeurs qui la fondent, celles de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Elle voulait se montrer debout quand certains voulaient la mettre à genoux. Cette France frappée au cœur de ses valeurs par la vague d’attentats perpétrés à Paris a rappelé dans cette marche le sens qu’elle donnait au mot « fraternité ».
Désormais au milieu d’une crise migratoire européenne sur laquelle les États peinent à s’accorder, nous sommes présents pour rappeler une nouvelle fois le sens du mot « fraternité » et le faire rimer avec la « solidarité » qui nous rassemble tous au sein de L’ESPER. Réaffirmons ces principes dont nous sommes collectivement les garants : l’accueil de tous les enfants dans l’École de la République, sans condition, sans distinction, ni faille aucune, doit désormais illustrer concrètement les valeurs dont nous assurons la promotion au quotidien dans nos organisations.
La fraternité, c’est regarder l’autre indistinctement de ses différences, de ses croyances, ou de ses choix, et prétendre qu’avec l’autre, nous pouvons ensemble faire société. C’est être solidaires collectivement. C’est enfin l’engagement collectif au service d’un idéal commun. Valeur de la République, elle est intrinsèque à l’économie sociale et solidaire, elle fonde ce que nous sommes, sans elle nous ne pourrions pas nous revendiquer être de l’ESS.
Organisations laïques de l’éducation, notre responsabilité collective est immense car transmettre les valeurs de l’ESS c’est transmettre les valeurs de la République.
Sous cette bannière, éclairés par nos débats lors de la Journée de L’ESPER en avril dernier, nous aborderons une rentrée aux multiples enjeux à l’occasion de notre Séminaire de rentrée du 21 septembre prochain.
Pour les éducateurs que nous sommes, le plus grand danger serait de laisser un certain nombre de jeunes générations sombrer dans le nihilisme, le refus de la critique, les laisser au bord du chemin de la République et de son Ecole. Pour autant, une grave erreur serait également celle de prétendre que les formes d’engagements sont figées, inamovibles et uniques. Les engagements des jeunes de France sont multiples et constituent autant de raisons de croire dans un destin collectif, dans le vivre ensemble, dans ce qui fondera la société de demain.
Notre responsabilité collective partagée avec celle de l’École de la République est comme le dit Marcel Gauchet, de « sortir de la naïveté les gens qui ne se croient pas dupes ». Plus que jamais, il convient de mettre au cœur de notre action l’éducation à la citoyenneté, au vivre ensemble, de valoriser toutes les formes d’engagement. Il s’agit de nous engager résolument dans la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations portées par les obscurantistes de tout poil. Tel est le sens qui sera donné par nos organisations à leur présence lors du prochain Salon de l’Éducation.
Des initiatives ont déjà été prises par les pouvoirs publics, parcours citoyenneté, enseignement moral et civique, etc… Notre responsabilité est également engagée, celle de la famille laïque de l’éducation. Il convient de nous donner collectivement les moyens, par l’éducation populaire et la transmission, de former à l’esprit critique, de définir la notion de liberté, de liberté de la presse.
La maîtrise de ce qu’est la laïcité et ce que sont les valeurs de la République par les plus jeunes (et les adultes) ne sauraient se résumer à la politique du coup de menton et de rappels à la Loi.
Vivre ensemble signifie de permettre à chacun d’exercer sa citoyenneté dans les formes qui lui conviennent, pour les plus jeunes, de donner les espaces d’échanges et les lieux d’expression collective de cette citoyenneté. C’est le sens par exemple des dernières initiatives prises par les lycéens en prenant en main la Fédération des maisons des lycéens, mais aussi par la valorisation de leurs engagements qui peuvent aujourd’hui être très différents de ceux des générations antérieures.
Il s’agit donc de répondre à la défiance institutionnelle généralisée par la confiance d’une République bienveillante envers ses enfants, là est l’enjeu de l’éducation à l’engagement collectif, là est l’enjeu de l’Éducation à l’ESS.
Auteur : Jacky Lesueur
Source : Le miroir social