Les associations, au coeur de l’innovation sociale
Quel rôle le secteur associatif peut-il jouer pour lutter contre les inégalités et redonner du sens aux valeurs républicaines ? Réponse de Nadia Bellaoui, Présidente du Mouvement associatif.
Que pensez-vous de la proposition du gouvernement pour penser le « post-Charlie » notamment sur la montée en charge du service civique ? Cela vous paraît-il suffisant, pertinent ?
- « L’activité associative est intense en France ». Ici, la campagne « Pas d’éducation, pas d’avenir » qui mobilise des centaines d’acteurs sur le territoire. Une opération de collecte et d’éducation à la citoyenneté co-portée par Solidarité Laïque et la Ligue de l’Enseignement.
Un seul dispositif, aussi ambitieux soit-il, ne peut bien sûr répondre aux maux d’une jeunesse qui n’a plus confiance dans les institutions qui la dirigent et dans une société qui n’est pas capable de lui offrir des emplois. Je suis en revanche persuadée qu’une société qui s’engage est une société qui va mieux et que le service civique peut en devenir un point de passage obligé. Servir l’intérêt général, goûter au collectif, exercer et valoriser sa citoyenneté dans le respect des autres sont autant de remparts contre l’intolérance. Le service civique peut, en ce sens, être un outil d’intégration dans l’espace public, d’ouverture à des enjeux de société et de renouvellement des valeurs républicaines.
Les associations, qui accueillent plus de 80% des jeunes en service civique, ont donc une grande responsabilité vis-à-vis des jeunes et de la société toute entière.
En tant que présidente du Mouvement associatif, observez-vous une insécurité sociale, la montée d’un sentiment d’exclusion ?
- Nadia Bellaoui, Secrétaire générale adjointe de la Ligue de l’enseignement et Présidente du Mouvement associatif.
Les associations sont en effet en première ligne pour observer la montée des inégalités. Mais surtout, elles alertent et agissent au quotidien pour lutter contre cette « insécurité sociale ». Dans un contexte tendu -difficultés économiques et sociales-, le nombre de créations d’associations est toujours à la hausse, ce qui témoigne d’un élan des solidarités et d’une recherche de liens sociaux.
Quel rôle le secteur associatif a-t-il alors à jouer ?
- « Une société qui s’engage est une société qui va mieux. » Au travers des animations sur les droits de l’enfant, Solidarité Laïque contribue à l’éducation à la citoyenneté.
La raison d’être des associations n’est pas seulement de pallier les manques d’un Etat qui ne jouerait pas assez son rôle de redistribution. Les associations ont un rôle d’innovation sociale à jouer. Dans un contexte où la collectivité a tendance à se désengager, les dispositifs innovants (colocation, mise à disposition de véhicules adaptés…) et ‘empathiques’ sont essentiels. Les associations proposent aussi des modèles de gouvernance qui impliquent pleinement les salariés dans le développement de l’association ou simplement ont un grand sens de la responsabilité sociale. Les associations peuvent donc répondre de façon fine aux différents besoins sociaux, lutter contre les exclusions mais aussi tisser du lien et apporter des solutions concrètes.
- 1 million d’associations
- 16 millions de Français engagés
- 2 millions de salariés
Source : Solidarité-laïque.org