Vers un produit d’épargne solidaire grand public
Concrètement, la Caisse voit d’abord ses missions de financeur de l’économie sociale et solidaire (ESS) renforcées, avec la création d’un nouveau fonds dédié, appelé Novess. La Caisse en sera le leader, mais fera aussi appelle à d’autres investisseurs (mutuelles, assureurs…), pour atteindre, si possible, 100 millions d’euros.
La deuxième avancée est plus innovante, puisque le président de la République a indiqué que le livret de développement durable (LDD) sera, pour partie, affecté au financement de l’ESS. « C’est une annonce très importante pour la finance solidaire, s’enthousiasme Sophie des Mazery, directrice de l’association Finansol. Car elle va enfin permettre de mieux impliquer les citoyens. »
Sur les 102 milliards d’euros (à fin décembre 2015) déposés sur ces livrets, environ 60 % remonte à la Caisse des dépôts, le solde restant au niveau des banques. C’est une partie de ces fonds « décentralisés » qui serviront à financer des entreprises sociales et solidaires. « Notre demande est de flécher 5 % à 10 % des encours, pas davantage », explique Sophie des Mazery.
Mais au-delà des sommes en jeu, cette évolution constitue surtout un premier pas vers la création du premier produit d’épargne solidaire grand public distribué par les banques. Car pour l’instant, si la finance solidaire augmente régulièrement (6,8 milliards d’euros l’an dernier), elle le doit surtout aux salariés, qui placent leur intéressement ou participation sur des produits solidaires (dans le cadre d’un PEE ou Perco). Mais les grandes banques, elles, sont toujours restées assez frileuses à l’égard des produits solidaires et ne les ont jamais vraiment poussés auprès de leurs clients.
« Nous militions depuis trois ans pour une évolution de ce type, explique Sophie des Mazery. Cela va permettre de vraiment démocratiser l’épargne solidaire. » À condition que les fonds ne soient pas fléchés automatiquement par les banques, sans que l’épargnant le sache. Mais qu’il en soit informé, ou, mieux, qu’il puisse l’exiger de son banquier.
Source : La Croix