Continuer à promouvoir des comportements d’ouverture et de compréhension
Plus d’un mois après les événements qui ont lourdement touché notre pays, nous ne pouvons pas continuer à « faire comme si … » écrit sur son blog Jean-Louis Cabrespines, président du Conseil national des Cress, après les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015.
Nous ne pouvons pas seulement dire que nous sommes solidaires de ceux qui ont été touchés, ni que nous voulons lutter contre toutes les radicalisations ou nous battre contre les amalgames.
Il nous faut agir, continuer à promouvoir des comportements d’ouverture et de compréhension tout en les conjuguant à une ferme détermination du respect de l’autre et de la République pour mieux et plus vivre ensemble.
Nous ne pouvons pas accepter que le rejet de l’autre, accru par des actes terroristes, se traduise par l’accès au pouvoir régional de ceux qui prônent ce rejet. Dès lors, les acteurs de l’ESS ne peuvent que s’interroger sur le devenir de ces partenariats tissés au fil du temps, pour des politiques communes de développement économique dans nos territoires. Ils ne peuvent que s’inquiéter d’orientations qui tourneraient le dos à la nature des entreprises de l’ESS et de leur approche démocratique, économique et sociale.
De nouveaux interlocuteurs régionaux pour les entreprises de l’ESS
En effet, parler de l’ESS et de sa relation avec les pouvoirs publics, au lendemain d’élections régionales dont les chiffres montrent un risque de modification potentielle importante pour les acteurs de l’emploi, de l’économie, de la formation, voire de l’action sociale, est sans doute une gageure tant il y a de liens entre ce que les entreprises de l’ESS défendent d’une économie ouverte et ancrée dans leur territoire et une économie publique qui peut connaître des changements profonds selon les orientations prises par les élus des conseils régionaux.
Si l’économie publique doit avoir pour but le développement économique et le bien-être de la population ressortissante et l’étude des problématiques d’inégalités internes et de redistribution pour pouvoir y trouver des solutions, l’économie sociale et solidaire par ses principes de démocratie, d’égalité des personnes, de solidarité et d’indépendance économique doit être complémentaire de cette économie publique.
Car l’économie sociale et solidaire est une économie faite à la fois de convictions qu’une autre manière de faire de l’économie est possible et porteuse d’avenir, mais aussi que les partenariats avec les pouvoirs publics en accompagnement d’activités liées à la vie des citoyens sont au cœur de l’intervention de certaines entreprises de l’ESS.
Alors, la défense de l’ESS et des valeurs humanistes qu’elle porte doit être un axe central des interrogations légitimes que nous pouvons avoir au lendemain d’une élection porteuse de changements.
Plusieurs CRESS ont interpellé les candidats dans leurs régions respectives et ont pu ainsi mesurer le travail réalisé, celui qui pourra faire l’objet d’avancées significatives, les difficultés prévisionnelles pour l’avenir.
Ces rencontres ont montré, dans de nombreux cas, une réelle méconnaissance de ce qu’est l’ESS, de ce qu’elle représente et de ce qu’elle promeut. Mais elles ont aussi permis de conforter la place que peuvent occuper les entreprises dans les développements économiques et sociaux territoriaux.
Face à une économie traditionnelle en déshérence, chacun est en recherche d’un nouveau modèle à promouvoir et les élus sans doute plus que les autres. Si l’environnement médiatique et politique fait découvrir, plus aujourd’hui que par le passé, la partie émergée de l’ESS, cela est encore insuffisant pour que cette forme d’économie soit réellement prise en compte dans les plans de développement économique régionaux.
Les rencontres avec les élus leur ont donné l’occasion de voir qu’il peut y avoir de nouvelles manières de concevoir l’économie prenant en compte à la fois ceux qui la font (les membres des entreprises de l’ESS), ceux qui la soutiennent (les pouvoirs publics et les partenaires), ceux qui en bénéficient (les clients, les sociétaires).
Ces élections vont entrainer des changements d’interlocuteurs pour les entreprises de l’ESS et pour la mise en application de la loi relative à l’ESS.
Jean-Louis Cabrespines, président du CNCRES
Source : Le miroir social – article publié le 20 décembre 2015