Finance solidaire : cinq modèles qui témoignent de l’engagement croissant des citoyens

Les près de soixante-dix candidats de l’édition 2015 des Grands Prix de la finance solidaire, organisés par Le Monde et Finansol, apportent un cinglant démenti à ceux qui voudraient nous faire croire que le repli sur soi est une solution, que la solidarité doit forcément se déliter en raison d’une crise économique dont on peine à voir la fin.

 

Par la diversité de leurs engagements, ces associations, entreprises ou sociétés coopératives et participatives (SCOP), qui bénéficient toutes de la finance ­solidaire pour se développer, témoignent de la vitalité du lien social, de l’engagement croissant des citoyens pour les grandes causes nationales ou pour des missions plus locales.

Le choix du jury a été des plus difficiles, car il a fallu départager des poids lourds de l’économie sociale et solidaire (comme la structure d’insertion Le Relais ou le réseau national des Compagnons bâtisseurs, qui intervient dans l’amélioration de l’habitat…) et des structures plus jeunes et prometteuses.

Le tout avec une montée en puissance de dossiers liés à l’environnement, comme la remarquée Énergie partagée, une association qui accompagne et finance les projets locaux de production d’énergie renouvelable.

Des petits projets tout autant indispensables

« Cette diversité reflète bien le paysage actuel, entre les struc­tures qui parviennent à s’inscrire dans la durée, à condition de leur laisser le temps de se développer, et cette multitude de projets plus petits. Ces derniers sont tout autant indispensables, car ils ­répondent à des besoins que, bien souvent, la puissance publique et même les grandes associations ne détectent pas tout de suite », explique Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre et membre de notre jury.

A l’arrivée, le jury a trouvé un équilibre en récompensant des historiques du secteur, comme Solidarités nouvelles face au chômage ou Terre et humanisme. Pour l’impact de leurs missions, bien sûr, mais aussi pour leur travail au long cours afin de mobi­liser les citoyens et prendre part au débat national.
« Ce sont des pionniers de l’économie solidaire. En plus d’être des acteurs, ce sont des penseurs, l’un sur la mobili­sation citoyenne au service de l’emploi, le second sur le développement durable et la place de l’homme », explique Maria Nowak, présidente de l’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE), qui promeut le microcrédit, et qui préside notre jury.

L’engagement bénévole ne faiblit pas

Des ­initiatives plus récentes et tout autant porteuses ont aussi été distinguées. C’est le cas de Terracoopa, une coopérative d’activités de l’agriculture biologique et de métiers de l’environnement située dans l’Hérault, dont l’expérience ne demanderait qu’à être développée sur tout le territoire.

Car, si foisonnement de projets il y a, on peut aussi regretter le manque d’une plus grande action de la puissance publique pour mettre en musique toutes ces initiatives et leur permettre de changer d’échelle. « Il faut un va-et-vient efficace et permanent entre le local où tout se joue, car les associations sont au plus proche des besoins, et l’échelon national, central, qui doit impulser », plaide Christophe Robert.

D’autant que l’intérêt du public est croissant. Le nombre grandissant d’internautes votant à notre Prix coup de cœur sur le site Lemonde.fr l’illustre. Surtout, l’engagement bénévole ne faiblit pas : plus d’un million de Français déjà, en épargnant solidaire, apportent leur pierre au financement de ces structures dont l’impact sociétal et environnemental, certes parfois diffus, est bien réel.

Frédéric Cazenave, journaliste au Monde, le 03/11/15

Jury France, présidé par Maria Nowak (présidente et fondatrice de l’ADIE et présidente de l’ADIE International), avec Géraldine Lacroix (directrice du département développement économique et cohésion sociale à la Caisse des dépôts), Jean-Paul Planchou (vice-président du conseil régional d’Ile-de-France), Arnaud Poissonnier (président de Babyloan), Christophe Robert (délégué général de la Fondation Abbé Pierre).

Jury international, présidé par Bénédicte Faivre-Tavignot (directrice de la chaire « social business, entreprises et pauvreté » à HEC), avec Xavier de Bayser (banquier, spécialiste de l’investissement socialement responsable), Jérôme Auriac (fondateur de Be-Linked).

Partenaires : Fondation Crédit coopératif, France Active, Carac, Amundi, France3.

Source : LeMonde.fr