La transmission au cœur de l’économie politique des coopératives : cahier de recherche
La chair d’économie sociale et solidaire de l’Université Marne-la-Vallée et Erudite présentent un cahier de recherche sur le thème : « La transmission au cœur de l’économie politique des coopératives », signé par Joseph Sangiorgio, de Coopaname et Hervé Defalvard, d’Erudite UPEM. En voici le résumé :
« La crise du modèle de la valeur actionnariale et de son univers de marchés financiers supposés efficients, a relancé la question de la propriété de l’entreprise en lien avec sa finalité et le contrôle de ses décisions stratégiques. En particulier, l’idée d’une propriété de l’entreprise par les actionnaires a été remise en cause au motif que l’entreprise, OVNI juridique, n’est pas la société de capitaux que le droit définit comme une personne morale. Si les actionnaires sont seulement propriétaires de leurs actions, il convient alors de refonder l’entreprise (Hatchuel et Segrestin, 2012), d’interroger ses responsabilités sociales (Roger éd., 2012), voire de sortir de l’entreprise capitaliste (Bachet et alii, 2008) et, finalement, de se demander à qui appartient l’entreprise (Chassagnon et Hollandts, 2014). Toutefois, le débat sur la propriété de l’entreprise s’avère complexe à arbitrer et, surtout, insuffisant à trancher la question de la primauté des actionnaires (Gosseries, 2012). Partageant avec Favereau et Robé (2012), la prémisse que ni l’entreprise ni la société ne sauraient en droit avoir de propriétaires, nous suivrons donc une autre piste pour aborder l’entreprise, non pas celle de ses propriétaires mais celle de ses agents de pouvoir exerçant ce dernier au nom de l’intérêt social de l’entreprise appréhendée dès lors comme une organisation politique.
Dans une première partie, nous appliquerons cette grille aux organisations de l’économie sociale et solidaire et, en particulier, aux coopératives telles qu’elles existent en droit. Après avoir déconstruit la propriété et son approche patrimoniale de l’entreprise, nous montrerons que la transmission devient l’élément central dès lors que l’on aborde son activité collective en termes de projet politique. Dans une seconde partie, ce projet politique trouvera avec l’économie politique du Commun une manière de se décliner, faisant jouer au territoire le rôle que Marx accordait à la classe ouvrière dans le dépassement du capitalisme (cf. Defalvard, 2013). Nous l’illustrerons en prenant l’exemple de l’expérimentation Coop’à-prendre dont le projet évolue vers une coopérative de territoire.
Document téléchargeable ici.