Pour le président de la Chambre française, Jérôme Saddier, l’ESS peut prétendre incarner le monde d’après et l’économie de demain. Cela passe par l’élaboration d’un projet politique. « Il nous faut donner une nouvelle dimension à l’action collective et individuelle dans et grâce à l’ESS. »

Dans un texte ramassé de deux pages et demi, au style direct, Jérôme Saddier livre sa vision de la crise, se dit convaincu que « l’ESS peut prétendre à incarner le monde d’après et l’économie de demain » mais prévient que « les temps qui viennent seront durs ». Il appelle les acteurs à « voir plus loin que l’ESS », à « faire des choses plus grandes que nous ». Extraits.

« Cela implique aujourd’hui de donner plus de sens et de force politique à son message. Subissant la concurrence des acteurs lucratifs convertis au « social » ou au « green-washing », interrogée par la notion d’entreprise « à mission », l’ESS doit réaffirmer que les pratiques entrepreneuriales et d’engagement qui la caractérisent sont d’abord indissociables d’une vision du monde soucieuse d’émancipation et de nouveaux droits, de résilience économique, d’harmonie sociale ; ces pratiques sont tout autant indissociables d’une conception exigeante de la démocratie, notamment appliquée à l’économie, qui justifie l’attachement à nos modèles et statuts fondés sur le patrimoine collectif. »

« C’est à l’élaboration et au partage de ce projet politique que j’appelle, qui serait celui de toute l’ESS. Celui de ses grands et petits acteurs, de nos institutions et réseaux, mais aussi celui de nos entreprises et organisations… et surtout celui de quiconque décide de s’engager dans cette ESS conquérante à un titre ou à un autre. Que doit être l’ESS demain ? Comment peut-elle devenir la norme ? Comment organiser collectivement nos forces ? »

« Je ne me résigne pas à ce que l’ESS s’épuise dans la banalisation ou la confusion des genres. L’ESS c’est la vie, c’est la société en mouvement, c’est vous, c’est nous. Elle est sans doute impossible à canaliser, mais il est indispensable de la sortir du confinement pour qu’elle soit à la hauteur des enjeux. C’est à ce grand mouvement que j’appelle les acteurs de l’ESS. »

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TRIBUNE DE JÉRÔME SADDIER, PRÉSIDENT D’ESS FRANCE, 4 mai 2020

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