L’ESS, nouvel espoir des territoires marginalisés
C’est le point de vue du maire d’une commune de 327 habitants en Bourgogne. Dans un entretien avec le RTES, il témoigne de l’intérêt des maires de communes rurales à soutenir l’ESS, cette économie de proximité qui participe au développement local.
Maire de Mont-Saint-Vincent (71), Jean Girardon est le représentant de l’Association des maires de France au Conseil supérieur de l’ESS.
Il répond aux questions du RTES.
Selon vous, quel regard portent les maires sur l’ESS, notamment suite au dernier congrès des maires du 19 novembre 2019 ?
Le dernier congrès des maires a marqué un tournant pour la prise en compte de l’ESS par l’AMF (lire notre article Quand les maires parlent de l’ESS). De plus en plus de maires s’approprient le sujet, ils portent un regard bienveillant mais aussi intéressé sur l’ESS, car elle offre une réponse aux problèmes de développement local.
Les acteurs de l’ESS redonnent de nouveaux espoirs aux territoires en marge de la mondialisation, ils créent des emplois locaux et rendent des services à la population. L’ESS participe à un développement local endogène et qualitatif, qui permet aux territoires de trouver en leur sein l’énergie pour exister par eux-mêmes tout en remettant l’homme au cœur de l’action économique.
L’ESS porte aussi une solidarité entre les hommes et de l’entraide, des valeurs essentielles que les élus locaux se doivent de faire vivre dans leur commune.
Quels rôles possibles des maires dans le développement de l’ESS ?
D’abord, les maires doivent expliquer ce qu’est l’ESS, rappeler qu’elle est une école de la solidarité qui permet une humanisation de l’environnement économique, très importante lorsqu’on souhaite accentuer la cohésion des territoires.
Aujourd’hui, le rôle d’un élu n’est pas seulement de gérer les services publics, qui hélas vont quelquefois en se réduisant, mais aussi d’animer le territoire, et il peut dans ce cadre s’appuyer sur les acteurs de l’ESS, qui sont des partenaires majeurs de l’animation des territoires.
Que pensez-vous de la démarche du kit Municipal’ESS lancé par le RTES ?
Cette démarche me paraît fondamentale, car l’ESS reste un concept un peu abstrait pour beaucoup, alors qu’elle est présente partout autour de nous au quotidien. Il faut continuer de sensibiliser les élus et leur permettre de saisir les nombreuses opportunités qu’offre l’ESS.
Quel rôle peut jouer selon vous l’ESS dans la revitalisation commerciale des centres-bourgs et centres-villes ?
En tant que maire de Mont-Saint-Vincent, une commune rurale de 327 habitants, je peux témoigner d’un exemple concret. Lorsque notre bureau de poste a fermé, nous avons négocié avec la Poste pour que le bureau et le service de poste soient repris par la commune.
Alors que l’épicerie et la boulangerie de la commune avaient aussi fermé pratiquement au même moment, la commune est devenue propriétaire du bureau de poste et nous y avons ouvert en complément un espace épicerie géré par une association.
L’emploi de la personne qui assure le service postal et la gestion de l’épicerie est financé à hauteur de 12 000 euros annuels par la Poste, dans le cadre du contrat national de présence postale signé entre La Poste, l’État et l’AMF. Et les dimanches matins, ce sont les bénévoles de l’association qui tiennent l’épicerie à tour de rôle.
Cette épicerie de proximité ouverte depuis maintenant deux ans est très utile. Elle permet, notamment aux personnes âgées, de ne pas avoir à se déplacer à plusieurs kilomètres pour faire de petites courses. Nous avons passé un accord avec un Intermarché voisin qui nous vend la marchandise 10 % moins cher et que nous revendons 10 % plus cher, de manière à dégager une marge pour financer ce service, et même un surplus pour participer au financement de la cantine scolaire ou de la maison de retraite.
Source : RTES