Le développement rural passe par l’ESS
Dans les territoires ruraux, l’économie sociale et solidaire porte de plus en plus de projets, et dans des domaines très variés. C’est le constat de la revue Alternatives Économiques à partir de l’étude réalisée pour le projet TRESSONS piloté par l’AVISE et le RTES.
Les territoires ruraux n’ont pas dit leur dernier mot. Des démarches de transition écologique et de redynamisation économique y voient le jour, des « tiers lieux » ouvrent leurs portes et proposent ateliers, Repair Cafés, débats et espaces de coworking, favorisant l’émergence de projets. Ces approches sont souvent portées par des structures de l’économie sociale et solidaire (ESS).
L’étude menée dans le cadre du projet TRESSONS le confirme : « L’ESS, c’est près de 18 % de l’emploi privé rural. L’action sociale et l’hébergement médico-social en représentent la majorité, mais on observe aussi un dynamisme dans le tourisme, le commerce et les arts et spectacles », résume Floriane Vernay, chargée de mission à l’AVISE, structure œuvrant au développement de l’ESS et de l’entrepreneuriat social.
Territoires innovants
Là où les pouvoirs publics se désengagent et où les acteurs privés s’abstiennent, ce sont les citoyennes et citoyens qui trouvent des réponses. En particulier dans trois domaines, selon Patricia Andriot, élue locale et vice-présidente du Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES). La transition alimentaire, avec l’ouverture de magasins ou de marchés de producteurs.
La cohésion territoriale, dans les services à la personne et les prestations sociales familiales (crèches) : « le privé lucratif reste dans les métropoles ; seules les structures de l’ESS sont présentes sur l’ensemble du territoire », souligne l’élue.
Enfin, en matière d’innovation et de numérique : « Les propositions réellement collaboratives relèvent de l’ESS. » Et de citer la coopérative Les oiseaux de passage (créée à Poitiers) pour le tourisme chez l’habitant, la plate-forme de transport à la demande du pays de Langres ou le Rezo pouce pour l’auto-stop solidaire, un dispositif initié à Moissac (Tarn-et-Garonne)…
Les défis à relever sont financiers, mais pas uniquement.
Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), qui compte 7 000 militants de 13 à 30 ans, développe des lieux de rencontre et d’animation, les Fabriques du monde rural. Dans quatre départements ruraux (Ain, Creuse, Haute-Saône et Oise), le MRJC achète et rénove lors de chantiers participatifs des locaux qui pourront accueillir des activités d’animation et de sensibilisation. « Ce n’est pas évident de trouver des jeunes qui s’engagent sur six-sept ans », souligne Gabrielle Beyl, directrice adjointe du MRJC. Mais à chaque fois, le MRJC a su travailler avec d’autres acteurs locaux pour rallier au-delà de ses cercles habituels : l’Association pour le développement des énergies renouvelables et alternatives (Adéra) en Haute-Saône, des groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec) dans la Creuse… « Une gouvernance qui repose sur la coopération, c’est dans la culture de l’ESS, s’enthousiasme Patricia Andriot. Un atout considérable dans les territoires ruraux où les acteurs sont moins nombreux et plus isolés. »